Chico Tabibuia

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1936, Silva Jardim (Brésil) -

Chico Tabibuia, de son vrai nom Francisco Morales da Silva, est né dans l'état de Rio de Janeiro. Il est un des douze enfants que sa mère mis au monde avec des pères différents. Arrière-petit-fils d'une esclave, Chico travaille durement depuis son enfance, il n'ira jamais à l'école et reste analphabète. Successivement, il travaille comme guide pour aveugles, s'occupe de vaches, devient propriétaire de bêtes et d'une épicerie, pour finir bûcheron. Jusqu'en 1988, il travaille quinze heures par jour dans les forets du Mata Atlântica pour subvenir aux besoins des seize enfants qu'il a eus avec trois femmes différentes.
A 40 ans il commence à sculpter de façon régulière. Précédemment, il s'était vu interdire de sculpter ses "bonhommes indécents", d'abord par sa mère (quand il avait dix ans), et après, par sa première femme. Il vit dans une région qui ne connaît aucune production d'art populaire ou artisanale, pouvant être pour lui source d'influence.
Le phallus est, à l'évidence l'élément qui domine toutes ses sculptures. Chaque partie du corps est lisible en "symbole" phallique: la tête (des têtes-glands), les jambes et les bras, le cou, les cornes d'Exu, enfin le corps entier de l'homme ou de l'animal... On pourrait s'aventurer à interpréter ses personnages hybrides comme des variations sur le thème de la dualité chez l'homme (Animus et Anima), de l'androgynie ou de la bisexualité. Il se refuse à donner des explications concernant ses travaux : "ce n'est pas bien, quand on veut tout comprendre" déclare-t-il. Peut-être l'expérience des interdits qu'il du affronter et des comportements hostiles le conduirent-il à la prudence. Il y a quelques années, sa sculpture d'Exu, le dieu africain, qui appartenait à la Maison de la Culture locale, fut "castré", sous le prétexte que les visiteurs furent scandalisés devant le pénis en érection. Il avait fabriqué cette sculpture à partir d'un figuier centenaire, dont le tronc atteignait 4,5m de diamètre.
Les personnages sculptés ne servent pas l'expression d'un idéal de beauté hellénique, de vérité anatomique ou d'une émotion quelconque, mais fonctionnent plutôt comme dépositaire de représentations de divinités, peut-être apparues dans ses rêves. De cette manière, Chico apprivoise dans le bois, la malignité de l'esprit Exu, "pour qu'il ne fasse pas mal aux gens". Chico Tabibuia a produit les derniers vingt ans, 350 sculptures environ dont certaines atteignent plus de 3 mètres. Il travaille exclusivement au ciseau à bois et au marteau, il ne répète jamais le même thème. Ses sculptures sont faites d'un seul morceau de bois utilisant "l'arbre de Tabibuia" qui pousse seulement dans les marécages et dont on fabrique d'habitude les sabots. Chico Tabibuia est maintenant reconnu comme un artiste à part entière, ses travaux ont été montrés dans le cadre d'expositions prestigieuses et dans les plus grands musées Brésiliens.

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